« 20 000 éléphants tués chaque année pour leurs défenses »-WWF
Le trafic d’ivoire tue en moyenne 55 éléphants par jour. Il est donc l’un des principaux trafics sur le marché du braconnage.
Source: Le Kenya détruit 105 tonnes d'ivoire pour lutter contre le braconnage des éléphants. 2016 (https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/le-kenya-detruit-105-tonnes-d-ivoire-pour-lutter-contre-le-braconnage-des-elephants_1429781.html).
Le trafic d’ivoire nuit gravement au fonctionnement de l’écosystème et de la biodiversité. Il en résulte que « plus de 20 000 éléphants (sont) tués chaque année pour leurs défenses » rappelle un membre de l’ONG. Le braconnage a aussi un impact au niveau génétique car dorénavant les éléphants naissent avec de très petites défenses.
L’Afrique est le principal pays touché par la chasse des éléphants. WWF estime que : « trois facteurs compromettent gravement la lutte contre le trafic d’ivoire en Afrique centrale : la faible gouvernance, la corruption et l’évolution changeante du commerce ». En Afrique le trafic d’ivoire avait été interdit en 1989 puis a été partiellement rétabli plus tard à la demande de certains États d’Afrique. C’est dans cette faille que s’est engouffré le trafic illégal nourri par un braconnage croissant et une forte demande dominée par la Chine, le Japon et le Moyen-Orient.
En effet, le commerce de l’ivoire est interdit depuis 1989, mais, en 1997 et 2000, la CITES (Convention Internationale sur le commerce d’Espèces Sauvages menacées d’extinction) avait autorisé à titre exceptionnel le Botswana, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe à vendre leurs stocks de défenses en Chine et au Japon.
Lors de le 17 ème conférence de la CITES qui s’est tenue à Johannesbourg en 2016, le Botswana qui contient le plus grand nombre d’éléphants (35% du volume mondial) ne voulait plus, de ventes occasionnelles d’ivoire. « cela ne fait en réalité qu’alimenter la demande » a justifié le ministre botswanais de la vie sauvage. A l’inverse, tous les autres pays du sud de l’Afrique plaidaient pour un assouplissement des règles de commercialisation.
Le Zimbabwe et la Namibie avaient demandé de pouvoir vendre à l’étranger leur ivoire confisqué lors de saisies ou prélevé sur des carcasses pour financer des programmes de protection des éléphants. Leur requête a été rejetée lundi 3 octobre 2016 par les pays réunis à la conférence.
« Chez nous, il y a beaucoup d’éléphants, et c’est une décision injuste, car nous avons besoin de l’argent de la vente pour financer la protection des animaux et aider nos communautés locales » a expliqué la ministre de l’environnement du Zimbabwe.
Carte représentant l’ampleur du trafic d’ivoire dans le monde. (ONU) (https://www.populationdata.net/cartes/afrique-elephants-trafic-divoire/)
La Chine est devenue ces deux dernières décennies la première destination pour le trafic d’ivoire provenant d’éléphants d’Afrique malgré l’interdiction depuis 1989 de tout commerce international.
Le Zimbabwe, l’Afrique du Sud et la Namibie ont toutefois réussi à empêcher la CITES de classer de nouveau leurs populations d’éléphants ainsi que celle du Botswana en annexe I, (l'annexe I de la CITES interdit le commerce international des espèces les plus menacées). et resteront en annexe II qui autorise le commerce en le règlementant).
En 2016, contrairement à la Chine, Ségolène Royal alors ministre de l'écologie en France annonce l’interdiction du commerce d’ivoire, sauf en cas de dérogation. Les amendes en cas d’infraction s’élèveront de 15 000€ à 150 000€ et jusqu’à 750 000€ en cas de trafic en bande organisée. Dans certains états d’Afrique, on peut aller jusqu’à des condamnations à mort.
Le trafic d’ivoire est une importante source de financement pour les groupes terroristes tels que: la milice Janjawid au Soudan, l’Armée du Seigneur en Ouganda, les Shebab en Somalie, Boko Haram au Nigeria et les groupes du nord au Mali, qui contribue à maintenir beaucoup d'instabilités dans ces pays. On estime leurs revenus à près de 3 milliards de dollars par an. Ils sont responsables de 90% des éléphants tués.
En 2012, un article publié affirmait que « le trafic d’ivoire pouvait représenter jusqu’à 40 % des fonds » des Shebab. Mais ce ne sont pas eux qui tuent les éléphants, ce sont des trafiquants du Kenya qui préfèrent vendre à ce groupe, non seulement parce qu’ils payent bien mais aussi car cela leur éviterait les ennuis pour faire sortir l’ivoire du pays. Selon WWF, les revenus tirés de ce commerce permettent aux Shebab « d’avoir la mainmise sur des jeunes soldats dont beaucoup n’ont pas de motivations idéologiques ».